Déléguer, ce n’est pas simple, nous l’avons vu en première partie de cet article. Des peurs et croyances s’invitent au moment de transmettre à d’autres une partie de son propre travail. Mais autre chose freine la capacité à déléguer, des freins intéressants à travailler : les Drivers ou « messages contraignants ».
Voici les 5 Drivers ou messages contraignants et l’attitude dans laquelle ils nous mettent :
- Sois fort : stoïque, dur, battant, sans émotion, ne montre pas ses faiblesses
- Sois parfait : perfectionniste, intransigeant, irréprochable, insatisfait, plutôt lent
- Fais plaisir : dévoué, empathique, attentif, serviable, excellent relationnel, débordé
- Dépêche-toi : pressé, réactif, papillonnant, stressé, peu attentif
- Fais un effort : besogneux, travailleur acharné, persévérant, fiable
Comment nos drivers influencent notre capacité à déléguer
Marc, directeur de projet informatique, est sous pression depuis plusieurs semaines. Une charge de travail importante l’oblige à travailler plus et plus vite. Pourtant ce soir à 21h, on le retrouve sur sa chaise à trier lui-même le listing des inscrits sur le site web d’un client, pour y repérer des doublons. Il effectue là une tâche pour laquelle il est clairement sur-compétent (et sur-payé). Accessoirement, c’est ennuyeux pour lui, source d’émotions négatives, et de stress car il délaisse pendant ce temps d’autres tâches importantes qui sont de son (seul) ressort. Si on propose à Marc de déléguer cette tâche à un stagiaire, il trouvera sans doute cent arguments en défaveur de cette solution.
Et si Marc était un « Sois parfait » ?
Quels avantages aurait-il alors à ne pas déléguer ?
Réponse : il ne peut pas faire les choses parfaitement puisqu’il est débordé! Une bonne excuse qui le soulage de l’étau du « Sois parfait ». Son perfectionnisme a pourtant un coût qui peut être élevé.
Et pour les autres Drivers ?
Avantages à ne pas déléguer et à rester débordé :
Si c’est un « Dépêche-toi » – « Super Mario »
Il est comme un poisson dans l’eau ! Obligé de tenir la cadence pour arriver à tout faire dans les délais. Il est partout et n’a pas une minute à lui (ni pour vous). Débordé, quelle chance ! Vite vite il en redemande.
Si c’est un « Fais plaisir » – « Votre dévoué serviteur »
C’est à lui d’aider les autres, pas l’inverse. Il accepte toutes les tâches qu’on lui donne, elles nourrissent la part de lui qui aime servir. Proactif, il s’adapte à tout et ne demande jamais rien aux autres.
Si c’est un « Fais un effort » – « Le Rameur »
Vous devrez lui passer sur le corps pour lui prendre la moindre petite tâche de son travail !
Si c’est un « Sois fort » – « SuperMan »
Il le prend comme un challenge et ne veut pas flancher, ça serait être faible. Il ne veut pas montrer qu’il est en difficulté. Celui-là ne dira même pas qu’il est débordé ! Il vise l’héroïsme.
Croyance : déléguer c’est pour ceux qui n’y arrivent pas, qui sont faibles, qui ont besoin des autres (et je suis au-dessus de ça). Il faut se débrouiller seul dans la vie.
Nous retrouvons la logique vue en 1ère partie :
J’ai plus d’avantages à ne PAS déléguer qu’à déléguer. Cela éclipse les inconvénients à rester surchargé ou débordé.
Rappelez-vous l’image du cadre stressé qui retourne vite à son travail après avoir expédié le manager qui lui proposait de déléguer. Il n’était plus en communication mais en pilote automatique, sous l’influence de son Driver.
Comment manager des collaborateurs sous l’emprise de leur Driver?
1. Connaître les drivers pour adapter votre communication et la répartition des rôles dès que possible :
A la personne qui a le driver « Fais Plaisir » : l’organisation des sorties « team-building »,
A celle qui est plutôt « Dépêche-toi » : la réponse à appel d’offres à rendre pour le lendemain,
Et au « Fais un effort », la vérification de tout un listing de prospects dont personne ne veut
Rappel : chaque driver a ses avantages et ses inconvénients, autant en tirer parti !
2. Communiquer de manière à faire prendre du recul et sortir de l’emprise du Driver.
ex : Au « Sois Parfait », exprimer clairement les attentes réelles et le délai afin qu’il puisse se rendre compte quand il vise trop haut ou se met une pression excessive.
3. Faire coacher un collaborateur qui le souhaite pour le libérer de la part excessive de son/ses messages.
exemple d’objectif : je voudrais parvenir à livrer des produits excellents sans viser la perfection, à accepter un travail imparfait, afin de mieux gérer mon temps et d’être plus serein au travail.
photo : CC par dModer101
1 Commentaire
Je trouve que la delegation est un outil essentiel pour faire progresser une equipe si on le fait de maniere equitable.Il ne faut laisser l impression a la personne delegataire qu on abuse de son courage et de sa competence.Moi en tant que MAnager j aime deleguer et surtout les persones qui ont des competences je les encadre a devenir de vrai manager