Plus interactif que les leaders Directif, Chef de file et Visionnaire, le leader Collaboratif mise tout sur les équipes. Cohésion et harmonie sont sa quête quotidienne car il appuie son leadership sur la force collective. Rassembler pour régner, en quelque sorte.
Prêts à rejoindre l’équipe du Leader Collaboratif ?
Le capitaine vous invite à bord de son paquebot « Team Spirit ».
(cet article est le 3e de la série sur les 6 styles de leadership)
Laure fédère dans un esprit collaboratif
Laure est aux manettes de son équipe commerciale depuis 3 ans. Chez cet opérateur télécom, les valeurs de l’entreprise sont fortes et diffusées quotidiennement ; pourtant ce qui soude l’équipe de Laure, ce n’est pas le sentiment d’appartenance à l’entreprise, c’est plutôt son leadership à elle, centré sur la collaboration. Elle cherche l’harmonie dans son équipe, et intervient dès qu’il y a un conflit. Elle a toujours un petit mot pour chacun, elle ne laisse personne de côté. Souvent elle propose des déjeuners d’équipe, ou des sorties culturelles ou sportives pour fédérer sa troupe. Son souci : que chacun se sente intégré et lié aux autres.
Notre mission est de réussir en équipe, l’unité est ce qui fait notre force, et l’individualisme ce qui nous freine. Tous ensemble !
Extrait du mail de nouvel an de Laure à son équipe.
Jouer collectif : cohésion, unité… égalité
Le Leader Collaboratif, c’est un peu le père de famille qui s’obstine à vouloir faire que ses enfants s’entendent bien et jouent ensemble sans se disputer. Dans l’entreprise, il cherche sans relâche à faire travailler les uns et les autres « main dans la main » (une de ses expressions préférées).
Il cultive quotidiennement des valeurs de sport, de partage, de cohésion. Son champ lexical par exemple sera souvent emprunté au sport (NB : les mots employés par les managers ont un impact important) :
esprit d’équipe
jouer collectif
se serrer les coudes
réussir ensemble
jouer solidaires
capitaine d’équipe
jouer le jeu
passer la balle
arbitrer
première ligne
carton jaune
transformer un essai
coup d’envoi, etc.
En actes, ce leader montre de vraies qualité de pacificateur. Il apaise les conflits (ennemis de sa chère cohésion) et organise dès qu’il le peut des réunions ou déjeuner pour « se parler ».
C’est le genre de chef qui propose avec enthousiasme des sorties après le travail à toute l’équipe… même quand chacun a manifesté son envie de rentrer tranquillement chez lui vivre sa vie d’équipe de famille. Et qui sera dans l’incompréhension après un séminaire de team-building en constatant que l’équipe ne communique pas mieux ni plus qu’avant.
Intégrer chaque collaborateur, favoriser l’unité
Avec les leaders collaboratifs comme Laure, les collaborateurs se sentent généralement bien, leur intégration est favorisée (à leur arrivée et tout au long de leur saison dans l’équipe.) Ils ont le sentiment d’être soutenus et trouvent un appui confortable dans ce leader disponible pour son équipe. Leur leader est à l’écoute de leurs besoins et cherche à les satisfaire ; il se montre empathique, compréhensif, humain et inspire la confiance.
S’il en voit un faire cavalier seul, le Leader Collaboratif cherchera à le ramener dans le giron de l’équipe (lui faire partager ses connaissances, aider ses collègues par exemple).
Et c’est là que le bât blesse : à trop vouloir l’unité, le leader Collaboratif met tout le monde au même niveau. Pour certains, c’est un nivellement par le bas… qui les démotive.
Je ne suis pas un numéro !
Si le Leader Collaboratif fédère une partie des collaborateurs, une tribu d’irréductibles à la cohésion d’équipe se fait parfois entendre. Pas question pour eux de porter le maillot de l’équipe !
Individualistes dans l’âme ou professionnels brillants qui vont plus vite que les autres, ces personnes préfèrent travailler de leur côté, avancer à leur rythme, retirer les honneurs de leur réussite. Le défaut du Collaboratif est qu’il ne valorise personne à titre individuel, il met tout résultat sur le compte commun de l’équipe. Ce qui ne convient pas du tout à ceux qui veulent sortir du lot !
De même, la fusion des efforts de tous dans un « pot commun » éveille des sentiments d’injustice en cas d’inégalité d’efforts au sein de l’équipe : quand les uns travaillent deux fois plus que d’autres, par exemple, ou que la réussite de quelques-uns est saluée comme étant celle de l’équipe entière alors qu’une partie de l’équipe n’a pas fait sa part.
D’autre part, les collaborateurs très performants ont besoin d’un modèle de leader moins tiède, qui les challenge, à la manière du leader Chef de file. Moins stimulés, ils peuvent perdre en motivation.
Equilibrer son style Collaboratif
Il est des situations dans lesquelles ce style s’avère peu efficace :
– en temps de crise ou quand il faut donner des résultats rapides
– avec des collaborateurs performants et très autonomes (ou avec parcimonie) – comme nous venons de le voir
Au final le style de leadership Collaboratif est utile sur de brèves périodes de temps, pour répondre à des objectifs précis :
– Apaiser des tensions dans une équipe
– Soutenir la motivation en période difficile (restructuration, fusion, baisse ou pic d’activité)
– Faire travailler ensemble une équipe d’experts compétents qui habituellement oeuvrent en solo
C’est donc un style secondaire à utiliser en complément d’autres styles de leadership, notamment le style visionnaire pour assurer une intégration de la vision par tous.
Article suivant : le Leadership Participatif : comment mettre tout le monde d’accord
D’après : Daniel Goleman’s “Leadership That Gets Results” (Harvard Business Review, March-April 2000)