A l’opposé des leaders solitaires qui prennent une majorité de décisions sans consulter la foule, le leader Participatif croit en l’intelligence collective. Ami de l’harmonie comme le leader Collaboratif, le Participatif est en plus un démocrate qui appelle les idées de tous. Ouvert au dialogue, il cherche le consensus, persuadé qu’on est plus intelligent à plusieurs. Et à l’heure du crowd-sourcing et des medias sociaux, ce leader-là est dans l’air du temps.
Préparez vos idées ou vos bulletins de vote, le leader Participatif vous appelle aux urnes !
(cet article est le 5e de la série sur les 6 styles de leadership)
Sebastian, un directeur à l’écoute des idées de chacun
Quand Sebastian a pris la tête de la société, il a pu constater que son prédécesseur avait créé quelques frustrations. Beaucoup de collaborateurs avaient en effet fait des suggestions sans jamais avoir été entendus. Des situations perduraient (retard dans le traitement des dossiers, clients mécontents), les équipes disaient avoir des solutions à proposer pour les résoudre, et être lasses de le proposer en vain. Sebastian était du genre à croire en ses équipes, il leur a donc demandé de se réunir autour d’une table. Ce moment fondateur a révélé la couleur du nouveau leader : un homme à l’approche résolument démocratique qui écoute et entend la voix de ses équipes.
Vox populi : la voie de l’intelligence collective
Le leader Participatif a un point commun fort avec le leader Collaboratif : il place les personnes avant les tâches. Il est prêt à remettre en question des procédures établies si quelqu’un lui explique que l’on peut faire mieux.
A cette ouverture d’esprit s’ajoute une bonne écoute : voilà quelqu’un qui sait faire parler. Il sollicite volontiers les uns et les autres dans une attitude ouverte, de dialogue ; vous le verrez souvent en réunion, et rarement trancher sans avoir au préalable écouté d’autres avis.
Il favorise ainsi l’émergence de bonnes idées, ce qui élargit le champ des possibles et sa propre palette de choix. Ce leader-là développe ses ressources en travaillant avec les autres. Il connaît sans doute moins la solitude que des leaders plus individualistes comme le Directif ou le Chef de file.
« Et vous, qu’en pensez-vous ? » répond souvent Sebastian dans ses échanges avec ses collaborateurs. Ceux qui aiment un chef directif sont parfois déstabilisés d’être ainsi mis à contribution ; les autres se réjouissent d’avoir ce pouvoir et cette responsabilité.
Phrases typiques du Leader Participatif :
« On est plus intelligent à plusieurs »
« Je n’ai pas la science infuse. »
« Je pense qu’il est bon d’aller dans cette direction mais je peux me tromper. »
« Et vous, qu’en pensez-vous ? »
« Toutes les idées sont bonnes à prendre. »
L’avantage pour ce leader, c’est qu’il ne concentre pas le pouvoir sur lui-même ou quelques collaborateurs : il a appris à s’appuyer sur de nombreuses ressources.
L’art de mobiliser les bonnes ressources dans l’équipe
Les effets du leadership participatif
L’impact du leadership participatif sur le climat de l’entreprise est très positif. Chacun se sent entendu et peut contribuer à l’oeuvre collective. L’engagement des équipes augmente car elles sont impliquées dans les décisions. La créativité collective et l’innovation sont favorisées.
Ce style est optimal pour :
– obtenir l’unanimité ou l’engagement
– recueillir des idées de la part de collaborateurs de valeur (par exemple si vous êtes le nouveau manager d’une équipe qui en sait plus que vous !)
– trouver la bonne voie quand le leader a besoin de la créativité de ses équipes /collègues.
Du débat… à l’action ?
« On est plus intelligent à plusieurs », je le crois. Mais on est aussi plus lent !
Le leadership participatif demande par essence plus de temps qu’un leadership directif ou leadership chef de file.
Ce leader n’est pas orienté action mais plutôt réflexion ; il cherche le consensus. Or le consensus n’est pas toujours possible et le chercher peut bloquer l’avancement des projets ou la prise de décision.
Le risque pour ce type de leader, c’est de tomber dans le débat sans fin, et ne jamais prendre de décision, soit par volonté de concilier toutes les opinions en ne laissant personne insatisfait, soit par indécision face à tant de propositions pertinentes.
Le leader participatif a parfois du mal à trancher. Dans ses mauvais jours, il peut même dire oui à un collaborateur et oui à un autre… alors que les deux propositions de ces collaborateurs sont incompatibles.
Comme les autres leaders, le Participatif gagne à travailler les compétences opposées aux siennes dans sa roue du charisme :
– il est démocratique, que peut-il apprendre du côté du directif qui réfléchit seul ?
– il cherche le consensus, et s’il essayait de prendre des décisions qui ne font pas l’unanimité ?
Voyons comment le leader Participatif peut équilibrer son style.
Equilibrer son leadership Participatif
Pour trouver la bonne voie quand il ne la connaît pas, pour favoriser l’engagement et collecter les bonnes idées, le style Participatif se montre pertinent.
Là où il l’est moins, c’est pour prendre des décisions rapides et fermes. Savoir trancher, le leader Participatif en a besoin car le style participatif s’avère peu efficace quand il s’agit d’obtenir des résultats rapides, et inadapté en temps de crise !
Et même au quotidien, ce leader a besoin de savoir couper court aux échanges qu’il a initiés, ce qui revient à dire « Ok, je vous ai entendus, maintenant c’est moi qui vais prendre la décision. »
Ici, Sebastian a su équilibrer son style Participatif et éviter l’écueil du débat sans fin – où tout le monde donne son avis sur tout et que rien n’avance.
En plus de l’intelligence de situation, le leader a tout intérêt à adapter son style aux personnalités qui l’entourent : les « high performers » (collaborateurs très compétents et aux excellents résultats) risquent de s’impatienter s’ils doivent attendre l’avis de la collectivité pour avancer. Avec ces personnalités, le leader réussit s’il sait être moins Participatif et à s’inspirer du Chef de file ou Directif – s’il le peut !
Quelles compétences / qualités développer pour équilibrer son style participatif ?
Tenez, jouons un peu avec la roue du charisme.
Voici les 3 compétences en intelligence émotionnelle que possède généralement un leader Participatif.
Quelles compétences ou qualités opposées peut-il travailler pour équilibrer son style ?
1. Travail d’équipe et collaboration
Compétence opposée à travailler : … ?
je suggère : lnǝs ɹıƃɐ ʇǝ ɹǝpıɔép ‘ǝıɯouoʇnɐ *
2. Gestion des conflits
Compétence opposée à travailler : … ?
je suggère : ǝpuoɯ ǝl ʇnoʇ ǝɹıɐɟsıʇɐs sɐd ǝu ǝp ɹǝʇdǝɔɔɐ ‘sʇılɟuoɔ sǝp uoıʇɐʇdǝɔɔɐ *
3. Empathie
Compétence opposée à travailler : … ?
je suggère : ǝıɥʇɐdɯǝ uos à sǝʇıɯıl sǝp ɹǝsod ‘slǝnpıʌıpuı sʇêɹéʇuı sǝl ǝɹʇno ɹǝssɐd ɹıoʌɐs *
Conclusion
Le Leader Participatif est un leader d’ouverture qui laisse la place aux opinions des collaborateurs. Champion de l’intelligence collective, il favorise l’émergence de solutions aussi différentes que les personnes qu’ils sollicitent. Pour bénéficier pleinement de cette richesse, ce démocrate doit aussi savoir trancher et rappeler que c’est lui qui dirige. Pour cela il peut s’inspirer des styles Directif et Chef de file, ils ont cela en standard !
* réponse 1 : autonomie, savoir décider et agir seul
réponse 2 : acceptation des conflits, accepter de ne pas satisfaire tout le monde
réponse 3 :savoir passer outre les intérêts individuels, poser des limites à son empathie
La semaine prochaine, rendez-vous avec le dernier style de leadership, le « Coach » !
D’après : Daniel Goleman’s “Leadership That Gets Results” (Harvard Business Review, March-April 2000)
7 Commentaires
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Hello ,
j’espère que vous allez .
je tiens à vous remercier pour ce travail formidable .Cependant j’ai une autre point de vue par rapport au leadership participatif .
Bonsoir Karine! Votre document, ainsi que bcp d’autres sont tres bien ecrits et tres bien explique! Je voudrais savoir si je pouvais avoir le pdf de cet article ainsi que de celui intitulé : « 6 styles de leadership et leurs effets ». Merci d’avance!
bonsoir, c’est intéressant. bien a vous
Merci beaucoup pour vos articles!
Je trouve que votre vision est claire et bien structurée.
Petit point de détail sur la forme toutefois quant à la gestion des conflits : ne pensez-vous pas que c’est un peu dangereux de parler » d’acceptation des conflits » ?
Je suis d’accord qu’il faille accepter l’idée qu’un consensus parfait ne saurait exister dans la plupart des cas, mais dire qu’il faut accepter les conflits c’est un peu admettre que la gestion de conflits n’a plus d’utilité. C’est comme opposer le noir au blanc plutôt que d’y apporter une couleur alternative.
Cordialement,
Nicolas
Je tiens a vous remercier pour ce bon travail.
toujours aussi pertinente Karine
c’est un plaisir renouvelé de vous lire puis d’y réfléchir
Bonjour Marc,
merci de ce commentaire, le plaisir est toujours renouvelé pour moi, d’écrire sur ces sujets !
Bonne journée,
Karine