Au travail, elles sont nombreuses, les injonctions à mieux faire : améliorer sa manière de travailler, de manager, communiquer. Conseil ou ordre, celui qui les reçoit vérifie-t-il toujours l’attente exacte qu’elles recèlent ? Pas sûr. De là naissent malentendus, errances… ou comportements qui dévient de la ligne prévue ! Un joyeux théâtre de rendez-vous manqués qui m’a inspiré une série de billets « pour rire un peu ».
Les injonctions en entreprise
En coaching de manager, en écoutant le coaché, il est facile de les entendre, ces injonctions. Qu’elles viennent de la hiérarchie ou du manager lui-même, leur effet apparaît souvent contre-productif. En tout cas, le résultat n’est pas ce qui est souhaité. En systémique, nous appelons ça des tentatives de solution.
Certaines injonctions sont floues, d’autres sont carrément des injonctions paradoxales.
« Soyons exemplaires pour inspirer nos équipes » (sur quoi précisément ? A quoi le verra-t-on ?)
« Faisons le dos rond le temps que la direction change de cible » (concrètement ? Et jusqu’à quel point ?)
« Il faut que l’équipe joue le jeu » (c’est-à-dire ? Que doit-elle faire, ne pas faire ?)
Pas toujours limpides, ces injonctions ! Faute d’explication – donnée… ou demandée – elles sonnent comme des énigmes du Père Fouras. Vous savez, ce personnage du jeu télévisé Fort Boyard, qui propose aux candidats des énigmes comme celle-ci : « Il est parfois critique, il peut être invoqué, fort utile à l’équipe, son trait peut amuser. Qui est-il ?* »
Du coup, c’est le le titre que j’ai donné à cette série : « Le Père Fouras a dit ».
Voici les deux premiers épisodes, publiés sur Linkedin.
Injonction 1 : Camille doit « prendre de la hauteur »
Camille, manager plein de ressources, doit prendre de la hauteur. Que va-t-il faire ?
C’était lors de mon entretien annuel. Je déroulais à mon manager le résultat de ces 12 derniers mois chaotiques, avec plusieurs départs et arrivées dans l’équipe. Une année à m’accrocher pour continuer à produire à bon rythme. Mon manager ne disait rien. Puis alors que j’allais enchaîner sur mes plans pour l’année à venir, il a mis son index devant sa bouche avant de me souffler « Prends de la hauteur, Camille. Je te l’ai déjà dit. »
Sur le coup, j’ai dit « oui ». Puis en sortant, je me suis dit… « Quoi, quelle hauteur ? » Comment on prend de la hauteur ?
J’étais face à l’ascenseur, j’ai appuyé sans réfléchir sur le 9, l’étage du toit-terrasse. Ding ! Dehors, je me suis frayé un chemin parmi les fumeurs, jusqu’à la balustrade. Mais impossible de profiter de cette vue plongeante sur la ville : mes sinus enfumés sonnaient l’alarme. Demi-tour vers les bas étages.
Au déjeuner, tout en poussant son plateau sur le rail, mon homologue de la DSI récitait sa litanie sur Rémi, ce collaborateur qu’il trouve « ras les paquerettes ». Je me suis demandé si mon N+1 disait la même chose à mon sujet, en choisissant son dessert. Est-ce que moi aussi, je ne « vole pas haut », ce qui expliquerait mon manque de hauteur ?
Machinalement j’ai regardé par la fenêtre. Une mouette traçait une diagonale sur la baie vitrée…
> La suite de ce billet sur l’injonction « Prends de la hauteur »
Injonction 2 : « Fais-toi plaisir, Manon »
Manon, jeune héroïne de cette fiction, nous montre ce que peut donner une injonction comme « Fais-toi plaisir ».
« C’était le lendemain de mon 1er jour dans l’entreprise. J’ai croisé mon N+2 qui faisait le tour des bureaux. Il a salué tout le monde, et avec moi il a échangé quelques mots de bienvenue. J’étais contente : chef de projet junior, 24 ans, j’étais flattée. Je lui ai fait bon accueil.
A la fin, il a pris un air sérieux, et il m’a dit « Tu vas apprendre beaucoup, mais surtout, fais-toi plaisir.» « C’est prévu », j’ai répondu, mais sans trop comprendre ce qu’il voulait dire par là.
Deux jours plus tard, j’ai tilté. J’avais une réunion prévue, avec 12 personnes, et à la même heure il y avait une conférence à la cafét’ sur l’entreprise libérée. Alors, direct, je me suis fait plaisir ! Je suis allée écouter la conf’, très intéressante, ça m’a rappelé un de mes profs en école.
En remontant j’ai croisé le directeur de projets, en stress +++, qui m’a demandé où j’étais. Clairement, lui il n’est pas prêt pour l’entreprise libérée… Je manque une réunion et il est déjà en PLS (NdA : Position Latérale de Sécurité).
Au déjeuner, je n’avais pas encore de badge, alors mon N+1, que j’appelle Beau-Boss… »
> La suite de ce billet sur l’injonction « Fais-toi plaisir »
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et comment méta-communiquer nous aide à mieux nous comprendre
*Réponse de l’énigme : l’esprit ;)
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