Nous avons vu dans les 2 premiers articles que nos stratégies pour faire changer une situation peuvent s’avérer contre-productives, comme lorsque nous compensons par nos efforts un déséquilibre (qui se maintient) ou quand nous tenons un bras de fer en luttant contre une force opposée. Voyons comment d’autres approches moins actives, comme le silence, peuvent aussi maintenir un équilibre que nous souhaitons voir changer.
Rappel des premiers articles :
– Au rappel : quand nous compensons les efforts de l’autre pour garder l’équilibre
– Le bras de fer : quand nous nous opposons à la force de l’autre.
Parfois, face à une situation qui ne nous convient pas, nous optons pour une stratégie de retrait ou de passivité, avec l’espoir que ça se passe pour le mieux, ou du moins, que cela s’arrange. Nous pouvons laisser une équipe s’auto-réguler comme un parent laisse ses enfants gérer seuls leur dispute, avec l’intention de les responsabiliser. Ou encore nous pouvons préférer le silence en nous disant que cela évitera d’aggraver les choses.
Cela peut très bien fonctionner et apporter l’amélioration souhaitée, mais si ce n’est pas le cas, le risque de cette approche de type “laisser-faire” est de voir le problème se maintenir ou empirer.
1 – Le choix de ne pas intervenir : le silence délibéré
Ainsi, nous pouvons opter pour une attitude de retrait dans le but de laisser évoluer une situation. Voyons quelques exemples.
Mettez-vous d’accord !
Et si les 2 collaboratrices étaient incapables de réguler elles-mêmes leur différend ?
Trouver sa place naturellement ?
« La motivation parlera d’elle-même »
Quand nous adoptons cette position non-interventionniste*, c’est souvent avec des raisons qui se défendent : ne pas aggraver, laisser faire le temps, compter sur la patience ou l’auto-régulation du système.
“Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.”
Jean de la Fontaine, le Lion et le Rat
*Nous parlons-ici d’une position non-interventionniste avec intention de voir changer la situation qui nous pose problème. Bien évidemment, si cette position s’accompagne d’une philosophie “vivre et laisser vivre”, sans intention particulière, il n’y a plus de problème.
Parfois, cela paye : quelqu’un d’autre a agi, ou le problème s’est résolu tout seul, et nous trouvons un meilleur équilibre. Tant mieux ! Mais quand notre approche ne donne rien, le problème persiste ou grandit.
Comment savoir si la stratégie non-interventionniste va payer ?
Peut-être en s’interrogeant :
A ce stade, ai-je des signes d’amélioration, même minimes, qui me montrent que mon approche peut payer ?
Lire à ce sujet : Comment savoir s’il faut persévérer ou lâcher prise ?
2. Le silence par dépit ou par défaut
Laisser faire et attendre patiemment n’est pas toujours une stratégie délibérée, mais la seule option que nous avons trouvée. C’est souvent le cas quand intervenir suppose une forme de confrontation.
Exemples :
Mais quelle raison aurait, alors, le collègue ou manager de changer sa manière de faire ?
Ne dit-on pas que tout vient à point à qui sait attendre ? Même si…
Parfois, attendre est une tentative de solution, qui nous mène dans l’impasse.
Quand le silence est notre recours, c’est que parler – ou agir – comporte des risques : celui de ne pas être entendu, de générer un conflit…
Et en même temps, ce silence couve lui aussi un risque : chaque fois que nous nous taisons, laissons faire, boudons, ou bouillons intérieurement, nous consentons à laisser la situation telle qu’elle est.
Adrien se « tire une balle dans le pied »
3 – Le silence malgré soi : quand on croit avoir dit
Vous arrive-t-il à vous aussi d’être persuadé.e d’avoir passé un message – “je lui ai dit !” – alors qu’il semble bien que ce message est resté lettre morte.
La théorie de la communication nous a pourtant appris à être attentifs au feedback pour vérifier que notre message est passé (“Allo ? Tu as entendu ce que j’ai dit ?”)
Quelques manières de dire sans dire :
- Exprimer sans insister
Ce qui peut revenir à “j’aimerais bien… (mais sinon, ce n’est pas grave)” - Exprimer de manière indirecte, subtile (non verbal…)
Un silence désapprobateur n’est pas toujours criant de vérité - Se persuader que l’autre a compris, qu’il “sait”
Qui peut lire vos pensées ? Penser très fort ne suffit peut-être pas.
Sur ce 3e point, je me demande s’il n’existe pas un biais cognitif : plus notre ressenti est fort, plus nous avons en tête les phrases ruminées 100 fois, et plus nous croyons que cela se voit à l’extérieur. Alors que seuls quelques signaux faibles sont perçus par l’observateur attentif.
Exemple :
Ce qui peut nous piéger en matière d’expression, c’est l’écart de fonctionnement avec nos interlocuteurs (qui varie avec le contexte). Si pour l’un, dire à demi-mot suffit, pour l’autre, seule une demande explicite sera entendue : “Il fallait le dire !” objectera-t-il.
Finalement, si vous avez l’impression d’avoir dit sans résultat :
Avez-vous dit de manière à être entendu.e clairement par cet interlocuteur dans ce contexte-ci?
Si non : dire plus explicitement les choses vous semblerait-il pertinent ? Et quels seraient les risques à le faire ?
Conclusion :
Silence choisi, silence de repli, silence de sourdine, quel est le vôtre dans la situation que vous souhaitez voir changer et dans laquelle vous vous dites que vous n’avez pas tout dit ?
4 Commentaires
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Merci de vos commentaires ! Gilles vous avez bien fait de parler : coquille corrigée ;)
Effectivement Sandrine, je n’avais pas pensé au contexte de harcèlement scolaire, où la stratégie du « dos rond », de se rendre invisible et espérer que ça cesse a sans doute des effets contre-productifs (si elle n’a pas déjà stoppé le phénomène bien sûr)… C’est la même chose avec le harcèlement en entreprise, d’ailleurs. Dans les deux cas précisons que réagir peut être difficile pour la personne, d’où l’importance d’être aidé par quelqu’un d’extérieur, non impliqué dans la situation.
Je pensais aussi à la position des adultes face aux situations de conflit et de harcèlement entre enfants. Leur non intervention ou leur intervention en mode « allez, c’est pas grave » est souvent sous tendue par l’idée que les enfants vont arriver à réguler par eux-mêmes ou par le souhait de ne pas aggraver les choses.
Ils peuvent donc aussi se retrouver dans ton article :-)
Excellent article, comme toujours :-) … Ca ressemble à ce qui se passe à l’école dans les cas de harcèlement ou de disputes entre enfants.
Merci !