Leadership Visionnaire : I Had A Dream

Martin Luther King en plein discoursQuand les hommes ont besoin d’un guide, d’une voie, de sens, le leader Visionnaire s’impose. C’est un peu l’archétype du Leader tout court, le guide fédérateur qui inspire et partage généreusement un feu sacré. En entreprise, cela donne des dirigeants charismatiques qui favorisent l’engagement des équipes. Même si la traduction de leurs messages en actes est parfois un challenge pour les managers !

Bienvenue sur les hauteurs du leader Visionnaire…

(cet article est le 3e de la série sur les 6 styles de leadership)

Etienne diffuse une vision enthousiaste aux équipes

Ce n’est plus Etienne qui dirige le département digital de Foggy (une société de conseil). Il n’est même pas dans les locaux et pourtant, son nom revient très souvent. En effet, chacune de ses interventions en séminaires ou réunions générales laisse un souvenir impérissable. Et ce n’est pas tant pour son humour ou son éloquence (pourtant avérés), que pour son extraordinaire faculté à transmettre une vision enthousiaste de l’avenir de l’entreprise. Au quotidien, managers et équipes se concentrent sur des tâches et des projets, chacun pris par un agenda trop dense pour prendre de la hauteur. Alors quand Etienne paraît et prend la parole, tout s’éclaire et s’élève.

« On comprend pour quoi on travaille ! »
« Il donne du sens à notre quotidien. »
« Lui sait où nous allons, c’est rassurant et motivant. »
« Il a une vision si claire du marché, il est incroyable. »

Brèves de couloir à la sortie d’une présentation par Etienne.

Big Pictures present… le cinéma façon leader

Si le leader Directif et le leader Chef de file montrent un goût prononcé pour les tâches concrètes et leur suivi en mode micromanagement, le Leader Visionnaire, lui, est absorbé par la « Big Picture ». En français, une vision globale et vue du ciel. Notre Etienne regarde l’entreprise et le marché avec de la hauteur, et il rêve.

Quand il sait partager et communiquer ce rêve, il emmène irrésistiblement tous les collaborateurs avec lui.
Exemple :
Etienne expose devant toute l’entreprise, sa vision des deux prochaines années.

« Notre société a pris très en avance le tournant du digital. Et déjà, de nouveaux clients comme l’industrie du luxe se tournent vers nous pour répondre à des besoins à très court terme. Pour ce marché prestigieux du conseil en stratégie de communication, nous devenons une référence majeure et nous pouvons en être fiers. Demain, les programmes innovants, la créativité technologique, ce sera nous. Demain, les projets primés, la une de Stratégies, ce sera nous (etc.)

Les effets de ces moments où Etienne partage sa vision avec passion : chacun oublie qu’il travaille, car il se sent relié à plus grand que lui. Chacun sert une « cause » et son quotidien dans l’entreprise prend sens bien au-delà d’un ensemble de tâches à accomplir. En termes de niveaux logiques, Etienne parle à l’identité et à l’appartenance (ou mission) de chacun.

Générer l’émotion positive, facteur d’engagement

Les leaders comme Etienne ont ce côté hollywoodien dans le sens noble du terme. Ils projettent leur rêve sur grand écran. Ils font circuler la passion comme une vibration dans l’entreprise – habituellement discrète dans ses émotions. Parfois, ils donnent même l’impression de recréer quelque chose de l’ordre du patriotisme ou chauvinisme, à l’échelle de l’entreprise ou du métier. Un patriotisme qui peut se décliner en culture d’entreprise avec produits dérivés, charte graphique appliquée jusque dans le mobilier de bureau, chansons (hymnes) et t-shirts (drapeaux).

Quand ça marche, l’engagement des collaborateurs peut atteindre des sommets ! Horaires de travail, salaire, avantages matériels deviennent presque secondaires pour des collaborateurs portés par leur « mission ».

Attention, ce style de leadership n’est efficace que si le leader est aligné, c’est-à-dire s’il croit à sa vision et la « vit ». C’est cette cohérence qui lui donne du charisme. Une vision empruntée, ou un leader qui essaye de se convaincre lui-même, cela ne prend pas, vous l’avez sans doute constaté.

Aux managers de décliner le vision

La grand messe étant donnée, le leader s’attend à ce que les ouailles repartent gonflées de foi et se mettent à l’ouvrage. Certes, motivées elles le sont… mais à présent, dans quelle direction concrète aller ?

C’est le risque du leadership visionnaire : comme il ne donne que la « Big picture », la vision générale, il lui faut des managers capables de traduire la vision en actes, sans quoi elle restera… vision.

Exemples :

Reprenons la vision d’Etienne :
« Demain, les programmes innovants, la créativité technologique, ce sera nous. »
Comment un cadre qui retourne à son poste de travail peut-il mettre en acte cette phrase ?
Le travail du manager consiste à traduire cette vision en projets et actions concrets.
ex :

  • demander à chaque cadre de consacrer 10% de son temps de travail à un projet digital personnel (un site web, une application mobile…)
  • envoyer ses experts en formation chez les constructeurs de téléphones mobiles pour qu’ils puissent imaginer les applications de demain
  • diminuer l’exigence de marge commerciale sur les projets qui lui semblent porteurs d’innovation et candidats à un prix de l’innovation

Autant le leader visionnaire est précieux pour donner du sens au travail, autant le manager est indispensable pour transposer sa vision en objectifs précis, et en projets – traduire le « pour quoi » en « comment ». Le manager assure ainsi le relais entre le grand frisson initial et les actions concrètes et quotidiennes. Un relais immédiat et si possible, durable !

Equilibrer son style Visionnaire

Pour être suivi – dans tous les sens du terme – par ses managers, le leader Visionnaire a intérêt à savoir décrire sa vision en termes accessibles à tous. Nous avons tous connu un leader dans le style « stratosphérique » : parlant à un niveau d’abstraction difficile à traduire en projets concrets. Quitter ses nuées et consentir à parler Terrien, voilà un enjeu majeur pour le Visionnaire.

Comment ? Quelques pistes :
Vérifier la bonne réception de son message par les managers, et leur adhésion à sa vision : demander un feed-back aux managers qui l’ont écouté, faire reformuler
– S’assurer que les objectifs concrets définis par les managers, sont en ligne avec cette vision

Par ailleurs la force de conviction du Leader Visionnaire tient aussi à la relative rareté de son lyrisme. En clair si chaque fois que vous le croisez il parle par grandes phrases emphatiques et abuse de métaphores mythiques, vous commencerez à le prendre moins au sérieux. Ne pas trop en faire donc, et garder ses effets de manche pour les grandes occasions.

Et enfin, le leader Visionnaire utilise essentiellement 3 compétences en intelligence émotionnelle : leadership inspirant, transparence, empathie. S’il ne compte que sur ces seules compétences et laisse faire les managers sans exiger ni vérifier, il prend le risque de ne pas être suivi. Pour plus de garanties il gagne à combiner son style avec le leadership Directif, plus concret et orienté « opérationnel ».

Conclusion

Ce style de leadership a des effets très positifs sur le climat et la motivation des équipes. Il donne ou redonne du sens, mobilise et favorise l’engagement. Si le leader Visionnaire s’entoure de managers habiles à traduire sa vision en actions concrètes, il peut réussir à emmener l’entreprise où il le veut. En revanche ce style n’est pas efficace en temps de crise quand des résultats rapides sont nécessaires. Car quand il faut agir vite, un ton plus directif s’impose.

Article suivant : Le leadership Collaboratif – priorité aux équipes, à la cohésion

D’après : Daniel Goleman’s “Leadership That Gets Results” (Harvard Business Review, March-April 2000)

5 Commentaires

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    • pascal sur 27 février 2017 à 11 h 07 min
    • Répondre

    quelle différence entre le leadership et le commandement ?

    1. Bonjour Pascal,
      la notion de commandement est liée à une acception de « leadership » qui est la position de chef, position de celui qui commande. On dit parfois « leadership » en anglais pour mentionner les personnes qui dirigent, sont aux commandes.
      Le leadership dont je parle sur ce site est plutôt la qualité de celui qui est capable, quel que soit son statut, quelle que soit sa position hiérarchique, d’influencer et mettre en mouvement d’autres personnes.
      C’est donc une qualité complémentaire à la capacité à commander, et qui s’utilise plus largement qu’en situation de commandement, me semble-t-il.

    • Karine sur 29 septembre 2015 à 22 h 55 min
    • Répondre

    Bonjour Sébastien
    Je cite généralement mes sources et en l’occurrence sur le leadership – et sur cet article même – j’indique bien l’ouvrage de Daniel Goleman.
    Salutations,
    Karine

    • Sebastien sur 29 septembre 2015 à 22 h 52 min
    • Répondre

    Karine,

    J’aime les sujets de tes articles et leur contenu. Le seul problème est que nous sommes bloqué aux idées retenus dans votre recherche. Il serait bien et préférable que vous ajoutiez vos sources, pour qu’il soit possible de lire les articles afin d’aller chercher davantage d’information et aussi ajouter de la crédibilité à votre travail.

    Salutations,

    Sebastien S. Campeau

    • Wilfrid sur 8 juin 2013 à 15 h 39 min
    • Répondre

    Ces écrits viennent une fois de plus renforcer les rudiments du managent dont j’ai toujours manifesté l’intérêt. Merci pour ton article et les sages conseils pour les débutants que nous sommes.

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