Faites taire le critique, place au rêveur !

Etiquette "Dreamer" choisie parmi une sélection (happy, angry...)L’esprit critique est un compagnon utile quand nous souhaitons améliorer un projet, un produit… ou nous-même. Seulement, il devient persona non grata dans les phrases de créativité. Le rêveur ne peut pas parler si le critique est là, qu’il soit une part de nous, ou un interlocuteur rabat-joie. Comment faire taire le critique et laisser place au rêveur ? Et jusqu’où ?

Un des aspects de la créativité c’est qu’elle demande tout l’espace pour vraiment s’exprimer. Une limite ou une contrainte la freinent. C’est par le « tout est permis » que nous allons le plus loin dans nos productions ou solutions créatives.

Pour ouvrir en grand le champ des possibles – quitte à le réduire plus tard – un des points importants est de discipliner son critique pendant les phases créatives (recherche de nom, de marque, de solution etc.)

Avez-vous déjà assisté à une séance de brainstorming ? Les idées fusent, idées folles ou absurdes, mais c’est le jeu : pas question que quelqu’un jauge ces idées à l’aune du réalisme, sous peine de gâcher l’exercice.

Cette vidéo d’un focus group (groupe de test d’un produit) préhistorique sur le feu et la roue montre le mécanisme de critique à l’oeuvre (fermeture, peur, focus sur les inconvénients)

Nous savons parfois nous moquer de notre part critique, par exemple avec la blague qui consiste à dire « Internet ? ça ne marchera jamais », reprenant ainsi le scepticisme de certains au début du Net.

Walt Disney
avait compris que nous avons plusieurs positions perceptives, qu’il utilisait lui-même. L’un de ses animateurs raconte :
« Il y avait en fait 3 Walt différents : le rêveur, le réaliste et le critique. Et vous ne saviez jamais lequel se présentait à votre réunion. »

Robert Dilts a ensuite modélisé ces 3 postures complémentaires :

– le rêveur est indispensable à la création mais ne passe jamais à l’action seul,
– le rêveur et le critique s’enferment ensemble dans un débat sans fin,
– le rêveur et le réaliste ensemble travaillent bien mais ne pensent pas à tout.

Robert Dilts propose un protocole en 3 phases successives basées sur le modèle de Walt Disney, rêveur puis réaliste puis critique.

Le sujet d’aujourd’hui, c’est comment laisser toute la place au rêveur quand c’est son tour. Car notre critique rôde ! Et nous l’avons dit le rêveur a besoin de tout le champ, sans limite.

Comment entrer en posture de rêveur

Entrer entièrement en posture de rêveur, c’est comme un jeu : temporaire, avec ses règles propres.

Les règles : liberté totale, il est interdit d’interdire, tout est possible.
Bâillonnez le critique, car comme le barde dans Astérix, il n’a pas droit de cité au banquet de la Créativité.

Le lieu : déplacez-vous jusqu’à un lieu, un espace qui vous sort de votre cadre. Idéalement, une journée à la campagne… mais ce n’est peut-être pas réaliste (voyez, ce n’est pas si simple) !

La posture physique : la position de notre corps influence notre pensées et nos émotions. Robert Dilts a modélisé une position du rêveur que je vous propose d’essayer. Il a travaillé d’après l’exemple de Walt Disney et des recherches sur des personnes manifestant ces postures.

La posture de rêveur de Walt Disney d'après Robert Dilts

Physiologie pour un état « Rêveur » :

– Tête et regard tournés vers le haut
– Posture symétrique et relaxée
Ceci est valable debout ou assis.

Essayez-la et sentez votre état, dans cette posture. Si vous pensez à l’un de vos projets, comment est-ce ?

Vous pouvez ressentir la différence en vous plaçant en posture réaliste, par exemple.

La posture réaliste de Walt Disney d'après Robert Dilts

Physiologie pour un état « Réaliste » :
– Tête et regard dirigés à l’horizontale, devant (ou légèrement vers le bas)
– Posture symétrique et centrée

Repensez à votre projet en prenant cette posture, qu’est-ce qui change ?

Sentez également la différence avec la posture critique.

La posture critique de Walt Disney d'après Robert Dilts

Physiologie pour un état « Critique » :
– Tête et regard vers le bas, penchés sur le côté
– Posture anguleuse
Pour certains d’entre nous, cette posture est presque naturelle !

Alors, ce projet, hm ?

Maintenant que vous avez senti les 3 postures et leurs différences, revenez au Rêveur. La posture peut vous aider à entrer dans un état qui favorise cette disposition d’esprit.

La posture de rêveur de Walt Disney d'après Robert DiltsQuelques pistes pour rêver encore mieux :
Pensez baguette magique
Bienvenue aux idées folles
Pensez ouverture (la fermeture est prévue plus tard)
Si le critique intérieur se fait entendre, trouvez un moyen de l’envoyer faire un tour, car le rêveur et le critique ne doivent pas être en contact l’un avec l’autre : entre eux, le réaliste joue son rôle de médiateur et seulement quand c’est son moment.

Et vous, comment faites-vous toute la place au Rêveur quand vous avez besoin de vos ressources créatives ?

10 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

    • serge meunier sur 1 février 2013 à 20 h 00 min
    • Répondre

    bonsoir karine. Je crois que tout être a le potentiel d’etre un réveur. La question est de vouloir croire que c’est possible ou impossible comme être ou ne pas être. Le choix est simple mais la polémique est longue. une vie sans rève n’est pas une vie car dans le rève ce trouve l’espoir. L’espoir d’avancer de réaliser ses rèves ou du moins d’essayer de les réaliser. L’espoir est important dans notre société sourtout a l’heure actuelle. Le meilleur moyens d’y parvenir c’est que tous ses critiques qui ne sont pas moins que des casseurs d’espoir ce mette à réver a leur tours et celà ce n’est pas gagné. bien a toi . serge

    • Maxime Daumer sur 5 décembre 2012 à 16 h 50 min
    • Répondre

    Bonjour Karine,

    Tout d’abord, merci pour la variété des sujets qui nous touchent de près ou de loin… mais toujours avec une approche nous incitant à la réflexion.

    Concernant ta question, et ayant pris part régulièrement à des séances de brainstorming purement créatives dans une grosse entreprise, j’ai pu me rendre compte que mon patron (ou la personne en charge de ce brainsto) réunissait uniquement des rêveurs.

    Je pense qu’inconsciemment, les rêveurs savaient quelle type de personne les entouraient… et par conséquent, arrivaient à se lacher, sans la peur d’être critiqué par une sorte de « barde gaulois » :-)

    Et au final, le résultat était plus que probants.

    Cela rejoint d’ailleurs une citation de F. Hundertwasser : « Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité. »

    Au plaisir et bonne soirée !
    Maxime

      • Karine sur 6 décembre 2012 à 16 h 26 min
      • Répondre

      Merci Maxime pour ton partage intéressant.

      Entre eux les rêveurs sont à l’aise, et chacun peut rebondir sur les rêves des autres, avec parfois une surenchère : « ah oui et puis on pourrait aussi… » « et alors on pourrait faire ça… »

      Rien n’interrompt ce flux et comme tu dis ça permet aux rêveurs de se lâcher.

      Bonne journée à toi,
      Karine

    • Serge Meunier sur 27 novembre 2012 à 14 h 47 min
    • Répondre

    Bonjour Karine

    C’est excellent de donner ainsi une image au kaléidoscope de nos facultés, en ciselant non pour compartimenter mais être capable de faire focus et mettre en position optimale telle ou telle de nos possibilté.
    Par contre je me veux le sauveur d’Assurantourix qui « brille souvent par son absence » et que je vais mettre à l’honneur en scoopant cet article ;-)

    Serge Meunier

    1. merci Serge ! A propos du fameux barde, il a toujours son heure, question de timing ;)

    • schermant sur 27 novembre 2012 à 10 h 27 min
    • Répondre

    Bonjour,

    Je propose un autre élément de réponse:

    Pour la PNL une « stratégie efficace doit comporter au moins 3 accès sensoriels, donc un visuel, un audio , un kinesthésique.

    Chacune des trois postures rêveur, réaliste et critique va visiter ces trois accès sans doute dans un ordre différents selon la tendance de chacun

    Dans la phase du rêveur, il est important d’amener un client qui ne le fait pas spontanément à se faire une ou des images de son rêve pour que sa représentation sensorielle soit la plus riche et la plus vaste possible avant de repasser au stade du réaliste

    Bonne journée

    vs

      • NIATI sur 27 novembre 2012 à 10 h 40 min
      • Répondre

      Excellent schermant . Approche synthétique et efficace.

    • Abdelhamid sur 27 novembre 2012 à 10 h 20 min
    • Répondre

    Bonjour Karine,

    Je tiens à vous remercier pour la qualité de vos analyses. Pour répondre à Ombeline, la posture du rêveur s’applique en premier lieu aux personnes kinesthésiques et aux auditives. Pour les personnes personnes visuelles, je pense que cela ne s’applique que dans un 3ème temps voire jamais. Pour ma part la posture du rêveur s’exerce sur mon fauteuil, lieu où je suis le plus créatif. Je décroche totalement, étant kinesthésique, et me abat toutes mes barrières.

    • Ombeline Becker sur 27 novembre 2012 à 9 h 33 min
    • Répondre

    Bonjour Karine!
    Pensez vous que la posture du rêveur selon Dilts (regards vers le haut) s applique aux personnes auditives et kinesthésiques autant qu aux personnes visuelles? le coach est la pour accompagner le rêveur à visualiser, ressentir et entendre son rêve, il pose les questions pour valider toutes les approches sensorielles du client.
    Votre avis?

    1. Bonjour Ombeline,

      Excellente question, je laisserai répondre les spécialistes de la PNL !

      Elément de réponse : Dilts étant PNListe, je suppose que cette posture s’applique à toute personne, qu’elle soit à préférence visuelle, kinesthésique ou auditive. Sinon Dilts l’aurait précisé dans sa présentation du modèle, non ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Share via
Copy link
Powered by Social Snap