Nous avons vu dans Motivation naturelle que la véritable motivation venait de l’intérieur : de ce qui nous anime personnellement, plutôt que de raisons extérieures. Avec quelques pistes pour la stimuler : valeurs et sens, besoins immatériels, drivers, objectifs atteignables, confiance. J’avais volontairement omis un terme, qui sera l’objet du présent article :
motivation intrinsèque / extrinsèque.
L’argument « C’est une demande de la hiérarchie »
Un jour, dans une grande entreprise, j’ai voulu soulever une question auprès de mon N+1, au sujet du délai impossible qui nous était donné pour produire notre partie de la réponse à un appel d’offres. Cet appel d’offres était arrivé dans la maison quelques jours plus tôt mais notre département goûtait les joies du « dernier maillon de la chaîne ».
Je pensais une meilleure organisation possible, mais mon N+1 m’a répondu fermement : « Nous n’avons pas le choix, ça sera toujours comme ça, nous travaillerons toujours dans l’urgence, à nous de nous adapter».
Je pose ici la question qui n’est pas venue ce jour-là : QUI décide que « ça sera toujours comme ça » ? quelle organisation, quelles personnes, quel système s’inscrit entre ces lignes, sans qu’il soit clairement nommé ?
Qui « on » ? qui « d’en haut » ? Des êtres venus d’ailleurs ?
Bien sûr c’est pratique : ceux qui se voient imposer ce type de directive n’ont aucune prise sur son auteur puisque c’est « on ».
ex : « C’est une décision de la direction. » « Cela vient du groupe. »
Cela clot le débat, au grand soulagement du manager.
En revanche, est-ce efficace ? Est-ce orienté résultat ?
La meilleure motivation est intrinsèque
Les récents travaux en neurosciences* nous montrent qu’une motivation réelle et pérenne est intrinsèque. Une motivation extrinsèque engage moins profondément dans l’action.
A défaut d’être lui-même à l’initiative de la directive, le collaborateur a donc besoin de l’intégrer dans sa propre motivation d’une manière ou d’une autre.
Comment ? Grâce aux stimulants cités plus haut : du sens et des valeurs essentiellement, qui font le lien avec ses propres motivations internes. Si celui-ci est d’ordinaire « motivé », nous pouvons lui faire confiance pour faire ce lien, s’approprier la directive et y adhérer.
Dans le cas contraire, cette directive imposée par « le système » reste une contrainte subie, un « il faut » parfaitement extérieur à celui qui le reçoit.
La motivation du récepteur à y répondre favorablement sera probablement modérée à faible, et ce d’autant plus que le travail lui est désagréable et qu’il ne l’a pas anticipé. Quand « ça vient d’en haut » ou d’ailleurs, la directive peut être déconnectée de son sens. Sans explication, elle peut paraître arbitraire.
Donner du sens aux décisions pour favoriser la motivation
Voilà le paradoxe : ces stimulants sont encore plus précieux quand la décision vient « d’en haut » et qu’elle peut être subie par le collaborateur. Or justement, parce qu’elle vient d’en haut, elle a perdu en route une partie de son sens et des valeurs qui lui sont associées !
Vous allez me dire : mais enfin quoi, ces collaborateurs sont payés pour leur travail, depuis quand avons-nous besoin qu’ils soient d’accord avec ce qu’on leur demande ?
Certes un dirigeant dirige, un manager manage : ils ont le droit de dire « c’est comme ça », c’est une approche qui a parfois fait ses preuves dans l’éducation des enfants… et parfois non.
Les injonctions en entreprise et les obligations (« il faut », « tu dois ») ont un effet moteur sur certaines personnes, et sur d’autres l’effet inverse. A ma gauche, ceux qui suivent avec bonheur les règles, s’épanouissent sous les ordres, à ma droite, ceux qui développent une résistance voire une rébellion à ce qui est imposé.
Pour être certain de réveiller une motivation, c’est à la part intrinsèque qu’il faut s’adresser.
Direction, managers, cadres : co-responsables de favoriser la motivation des équipes
Bien sûr, chacun à son niveau est responsable.
- Le dirigeant, de bien communiquer aux middle managers ce qui motive sa décision.
- Les middle managers, d’en prendre la mesure et de s’approprier cette décision (ou de la questionner !)
- Les cadres, de bien écouter les middle managers … et de s’approprier à leur tour cette décision (ou de la questionner !)Chacun est acteur de son niveau, responsable de la compréhension de ce qu’il va à son tour transmettre ou effectuer. Pour être un bon relais, mieux vaut s’être approprié ce que l’on transmet.
Ex : comme nous l’avons vu, pour que vos messages passent pas auprès de votre équipe ou de votre hiérarchie, il est important que vous soyez convaincu(e) du message, qu’il y ait du sens, de la motivation pour vous et pour eux.
A vous ! Questions de coach
Rappelez-vous les dernières fois où vous vous êtes senti(e) motivé(e) à agir : d’où venait la décision ? De vous-même ou de l’extérieur ?
Dans ce dernier cas, quelle motivation intérieure a déclenché votre action ?
Puis demandez-vous :
- Quelles décisions ai-je du mal à appliquer actuellement ?
- Viennent-elles de moi ?
- Si non, que pourrais-je faire pour me les approprier ?
La réponse est en Vous !