Tenir sa langue, c’est une expression imagée pour dire : savoir se taire, se retenir de parler. C’est-à-dire différer le moment où l’on parle, ou ne point parler du tout.
Deux types de situations sont concernées :
- lorsqu’il s’agit de ne pas divulguer un secret, une information confidentielle
- ou de s’abstenir d’exprimer des paroles déplacées ou de prendre la parole de manière intempestive
Une parole une fois lancée ne peut revenir. (Horace)
1. L’homme qui en savait trop
Comment garder un secret trop lourd ou une information confidentielle croustillante ?
Tenir sa langue c’est éviter la gaffe (révélation accidentelle). C’est aussi résister à la tentation du sous-entendu. Qu’est-ce qui nous pousse à révéler un bout de secret ?
- Le besoin de se valoriser à travers l’information,
- Une envie de partager pour jouir des réactions de l’auditoire
- ou encore d’autres motivations plus ou moins avouables.
Dans tous les cas la demi-confidence nous fait tomber dans le piège du « trop-dit-et-pas-assez.» Puisqu’il est difficile de s’arrêter au milieu du gué en matière de divulgation, il faudrait alors ne pas commencer du tout. C’est-à-dire, finalement, rester muet comme une carpe.
La plus grande protection reste peut-être de ne pas trop en savoir ; aucun risque, alors, de parler ! Dans les séries policières certains protagonistes sont tenus en-dehors de la confidence pour leur sécurité.
La parole est d’argent, mais le silence est d’or (proverbe)
2. Le bavard
Il y a ceux qui un jour en savent trop et ont la langue qui frémit. Et il y a ceux qui en toutes circonstances, ont ce besoin irrépressible de parler. Quand on est bavard ou plus familièrement « langue bien pendue », en quoi est-ce important de parfois tenir sa langue ?
Quelques éclairages :
1. En négociation, dans des échanges commerciaux, il est essentiel de savoir écouter et ne pas tout dire. Trop parler c’est risquer de dévoiler ses cartes, quand parfois il est stratégique d’avancer masqué.
« La parole perd parfois ce que le silence a gagné. » (proverbe espagnol)
2. De plus, l’écoute a des avantages indéniables : on n’apprend rien de ce que l’on dit soi-même.
« I never learnt anything while talking. » Larry King
3. Un bavard peut être perçu comme quelqu’un qui s’écoute, ou qui ne sait pas être synthétique, ou encore qui est dispersé ou futile. Et puis, qui vous fera encore confiance et vous mettra dans la confidence quand vous aurez montré votre propension à « lâcher » aussi facilement des informations ?
4. L’excès de franchise, la transparence, ont leurs revers comme nous rendre vulnérable, générer des conflits…
Quelques paroles… pour inciter au silence :
« Mieux vaut perdre un bon mot qu’un ami. »
« Que ta parole soit impeccable. » (1er « accord toltèque »)
« Chez beaucoup d’hommes, la parole précède la pensée. Ils savent seulement ce qu’ils pensent après avoir entendu ce qu’ils disent. » Gustave Le Bon
Pistes de réflexion pour tenir sa langue
1. Surveiller nos frémissements, piaffements, nos impatiences à parler, à dire quelque chose.
Qu’est-ce qui me meut ? Quelle serait la conséquence si je me taisais ?
2. Ecouter nos émotions quand nous dévoilons de l’information.
Que nous disent-elles ? Quel bénéfice tirons-nous à révéler l’information, et est-ce la bonne manière de combler le besoin correspondant ?
3. Identifier nos réactions types : comment cela se passe pour moi quand je détiens une information confidentielle, quand une vérité a besoin d’être rétablie etc.
Et vous, comment tenez-vous votre langue ?
10 Commentaires
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J’aime bien ces conseils. C’est trop instructifs surtout quand on dit qu’on ne gagne rien en parlant bien plus en écoutant. C’est vrai que tout ce qu’on sait viens de nos oreilles en grande partie et rien ne vient de notre bouche !.
Effectivement il y a plus de mal en parlant qu’en se taisant.
Notre langue est la pièce maîtresse de notre évolutions;nous devons sincèrement la contrôler car elle est capable de nous créé e tout les problèmes de ce monde.
Bonjour Karine
Je suis un peu bavard non pas dans le sens de divulguer les secrets. J’aimerais beaucoup arrêter de trop parler aurriez vous des conseils a me donner?
Respectueusement Daou.
Bonjour Gaoussou,
Je n’ai pas de conseils à vous donner mais je vous propose de réfléchir à cette question :
qu’auriez-vous à perdre à être moins bavard ?
Respectueusement,
Karine
Comme on dit souvent la vérité ce dit en blaguant,et c’est dans la blague que j’apprend également les bonnes choses.
Merci .
Bonjour à tous, merci de vos commentaires et partages d’expérience.
Tous trois vous pointez l’importance de réfléchir avant d’agir, en matière de diffusion d’information : une approche empreinte de sagesse, et qui ressort souvent comme piste de solution chez les personnes que j’accompagne sur leur communication. En effet elles changent d’approche dès lors qu’elles choisissent de prendre le temps avant d’agir. Peut-être parce que clarifier dans quelle intention on communique, et comment, prend nécessairement un temps.
Carine tu ouvres là une piste pour un article complémentaire sur « Savoir ne pas entendre » (pour se protéger, pour avoir la paix, ou autres raisons) !
Bonjour Karine
je ne fais pas partie des bavards, mais il m’est parfois arrivé de demander à ne pas être tenue informée des détails de certains sujets brulants afin de ne pas divulguer d’informations sous la pression. Je pense particulièrement aux négociations salariales annuelles et aux préparations de possible plan social.
Plus on monte dans la hiérarchie, plus on est exposés à des informations sensibles, savoir se taire devient alors un élément du jeu de pouvoir, et d’influence, et je dirais que le pouvoir est d’autant plus fort que l’employeur n’a pas fait signer de clause de confidentialité spécifique à un sujet/projet.
Ceci ne doit pas s’accompagner d’un mutisme vis à vis de ses équipes, il s’agit je pense de discernement entre l’information qui gagne à être diffusée, et celle qui n’y gagne pas.
Bonjour Karine,
Oui pour moi « tenir sa langue » est une compétence et une qualité.
De part mon expérience personnelle, chacun de nous filtre ce que l’autre dit et surtout comment il le dit, et c’est bien là le problème : l’interprétation. En ce qui me concerne, dans ma communication (si j’ai un doute dans ma compréhension) je demande à l’autre de bien vouloir définir ce qu’il est entrain de me dire. De mon côté dans ma communication, ni jugement, respect et bienveillance (la CNV quoi !) . J’ai tellement entendu « les bruits de couloir » dévaster des personnes qui se sentaient attaquées, humiliées, et rentrer dans un conflit sans nom, que je fais attention à ce que je dis et surtout comment je le dis et j’assume à qui je le dis.
C’est juste mon expérience !
Merci Karine pour ce thème qui est l’un des conflits majeurs en entreprise (ce n’ai que mon avis).
Bien amicalement.
Bonjour,
Encore une fois, un article plein de bon sens, d’analyses justes et qui renvoi à des situations que l’on a pu rencontrer.
Rétroactivement, cela interpelle et donne à réfléchir sur les situations vécues de manière à aborder différemment les prochaines. une aide précieuse !
Bravo pour votre blog que je suis régulièrement. Ced