Je trouve toujours fascinants les liens entre prise de décision et émotions. Et belle la puissance personnelle qui s’affirme chez l’humain quand il fait un choix décisif par et pour lui-même. Quand il se lance au moment qu’il a choisi. Décision et action se mêlent alors pour célébrer l’autonomie. Faisons un tour en pleine nature, sous un coin de ciel d’été, pour aborder ce thème de l’élan et de l’impulsion.
Allez saute !
« 1…2…3 ! » Les baigneurs recommencent à scander à pleine voix, d’en bas comme d’en haut du rocher, pour soutenir l’élan du plongeur. Le « 3! » reste suspendu dans un silence de pierre. Tout attend le saut qui ne vient pas.
« Tu l’as déjà fait l’année dernière », dit son ami tout près, « c’est pas si haut. » « Saute loin pour t’écarter du rocher », crie son père. « Allllleeeeezzzz ! » font les enfants. Leurs regards sont cuisants.
Pousser crée une résistance
Combien de fois avez-vous vécu ou observé cette valse-hésitation, qu’il s’agisse de plonger dans l’eau ou dans un choix décisif ?
L’observation de ce garçon volontaire mais pétrifié nous invite à réfléchir à :
- l’efficacité des encouragements – quand ils deviennent un poids sur les épaules ou affaiblissement la confiance en soi au lieu de la renforcer,
- la pertinence des conseils – quand ils distraient l’intéressé de son propre cheminement intérieur,
- la toxicité des injonctions et de la pression – plus ils insistent, plus son envie de sauter décroît.
Pour autant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : ces encouragements et conseils bienveillants, le plongeur finit en tirer partie. Plus tard. Peut-être le temps de s’approprier la décision et le mouvement : mon impulsion m’appartient, la décision est mienne, je veux bien entendre votre désir et vos exhortations mais n’en ferai rien tant que JE n’aurai pas choisi d’agir.
Le bon moment pour agir
Et puis, il y a une question de timing : se lancer, c’est peut-être choisir le moment sur le haut de la courbe de cette énergie fluctuante, qui crée ce mouvement “ira, ira pas”, une énergie tout intérieure. Je me lance que je me sens le plus prêt possible – et celui qui recherche alors à réunir les conditions parfaites, restera éternellement en haut du rocher.
Or, quelles interférences produit le choeur des baigneurs, avec ses “1, 2, 3…!” ? Ce choeur impose son moment. Il crée un élan extérieur, une motivation extrinsèque, sorte d’éperon qui risque d’agir à contre-temps. Son intention est bonne mais contre-productive.
Celui qui plonge ou fait un choix important a besoin de faire siens l’énergie et l’acte d’y aller. C’est toute notre humanité qui est là, dans cet élan choisi, consciemment ou pas.
Il en va de notre liberté, mais aussi de notre capacité à agir.
Alors… Respectons nos élans, respectivement !
Questions de coach :
- A quoi cela vous fait-il penser ?
- Quel est votre rocher, dans quoi cherchez-vous à sauter (ou à ne pas sauter !) ?
- Qui forme le choeur des “1, 2, 3 !” qui vous exhorte ?
- De quoi avez-vous besoin dans cette situation ?
5 Commentaires
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Merci pour cet article. C’est toujours difficile de se jeter à l’eau la première fois. Moi même je viens de me lancer dans la création de mon entreprise et c’est difficile de passer à l’acte. Une fois qu’on est de dans on se doit de redoubler d’effort pour avancer… Pas le choix…
Très juste!
Entendre quelqu’un nous répéter ce qu’on doit faire quand on le sait déjà, ça a un effet contre productif. Dans mon expérience personelle, c’est quelque chose qui m’irrite et qui effectivement va plutot aller à l’encontre de ma motivation.
Lorsqu’on compte pousser quelqu’un dans une direction, ce qui marche le mieux à mon sens c’est le questionnement. « Qu’est ce que tu compte faire? Comment tu compte t’y prendre? » et montrer de l’enthousiasme au réponses données.
Excellent article.
Bonjour Claude et bonjour Karine
Vous dites la même chose : chacun a ses ressorts, ses déclics, sa sensibilité aux stimuli extérieurs. Chacun peut se relier à lui-même et à lui-même seul, pour décider et agir (décider d’agir). Mais avec l’hyper-connectivité qui nous caractérise largement aujourd’hui, avons-nous encore le loisir de faire le vide et d’être seul(e) ? Je me demande si le succès grandissant de la méditation en pleine conscience n’a pas un lien avec ça.
Merci Karine pour cet article, très intéressant car déclenche bcp d’autres questions.
Cela me fait penser aux liens avec la Process Com qui nous aide à comprendre que selon les fonctionnements de chacun, et les enjeux, et l’état de stress ou non de la personne, les effets des conseils, encouragements, et même des injonctions seront différents et autant positifs que négatifs :-)
Merci Karine pour cet article.
ayant souvent recherché ce genre de situation propice à l’adrénaline, je choisi de commenter la situation plutot que le fond de ton article :)
ce genre de situation et d’acte, de décision, fait appel pour moi à un processus totalement interne et personnel. les encouragements, conseils, etc sont inopérant voire pénalisant. Faire le vide dans ma tête signifie à ce moment la : fais face à toi meme , tes demons, tes emotions…
Et c’est seulement lorsque je me sen s aligné avec cela que je saute :)
[…] 'Je trouve toujours fascinants les liens entre prise de décision et émotions, et belle la puissance personnelle qui s’affirme chez l’humain quand il fait un choix décisif par et pour lui-même, et se lance au moment qu’il a choisi. Décision et action se mêlent alors pour célébrer l’autonomie. Faisons un tour en pleine nature, sous un coin de ciel d’été, pour aborder ce thème de l’élan et de l’impulsion.' […]